Tuto : Fabriquer un butai avec des enfants (théatre en bois japonnais pour kamishibaï)

La petite histoire de ce tutoriel

Tout est parti d’un livre audio emprunté à la bibliothèque et d’une histoire qui nous a beaucoup émues ma fille et moi. Il s’agit du livre Shiro et les Kamishibais de France Quatronne illustré par Manuela & Zad aux éditions Utopique. Je vous recommande fortement ce conte musical qui véhicule de belles valeurs.

Il m’a aussi rappelé que nous avions déjà eu la chance d’écouter une histoire de Kamishibai. C’était en novembre 2019 (avant la pandémie de covid, donc il y a longtemps déjà !!). A l’occasion de la nuit de la lecture, une des maîtresses de ma fille avait organisé une soirée portes ouvertes avec lecture d’un Kamishibai.
J’ai assisté à un moment exceptionnel où 30 enfants restaient calmes et concentrés pendant une demi-heure. Scotchés sur les images du Kamishibai que la maîtresse faisait défiler, ils étaient pendus à ses lèvres et comme hypnotisés.

Qu’est-ce qu’un Kamishibai ?

Le kamishibai a ses origines au Japon. Le mot signifie littéralement « pièce de théâtre sur papier ».  Il s’agit d’une façon de raconter une histoire. Le conteur lit en faisant défiler des illustrations sur un petit théatre en bois, le butai, devant les spectateurs. Finalement, c’est assez proche d’un petit théatre de Guignol, avec des images à la place des marionnettes.

Pour le conteur, pas besoin d’apprendre un texte par coeur : les planches du kamishibai comprennent

• au recto, des illustrations faisant référence à un moment précis du récit
• au verso, le texte qui y est associé, écrit en gros et le conteur, positionné derrière le théatre de bois, peut le lire facilement.

Cette petite vidéo de butai sur youtube vaut mieux que tous les discours :

En quoi la lecture d’un kamishibai est-elle différente de celle d’un livre ?

De part la disposition, la lecture d’un kamishibai dans un butai est plus « théatrale » : les enfants sont au spectacle. Il peut y avoir des effets dynamiques avec l’apparition de nouvelles illustrations, impossibles à rendre en tournant la page d’un livre (ou alors peut-être certains livres à rabas). Selon le contexte de l’histoire, le conteur glissera lentement la feuille du kamishibai hors de la glissière du butai. Des fois ce sera plus soudain; des fois encore, la lecture indique qu’il faut faire une pause à un repère donné pour ajouter un effet. En bref, c’est une toute autre façon de conter une histoire.

Les avantages d’une lecture de kamishibai pour les enfants

En outre, les enfants ne peuvent pas se rattacher au texte écrit (pour les plus grands qui sauraient lire). Ils doivent en effet rester concentrés sur ce qu’on leur raconte. Les kamishibais sont particulièrement adaptés quand il y a plusieurs enfants (famille, écoles, activité pour les enfants dans une bibliothèque, une garderie ou encore un hôpital). Je n’ai qu’une fille, mais je sais qu’elle adore les histoires racontées. Et puis, j’avais envie d’essayer pour proposer une activité calme lors d’une prochaine fête d’anniversaire.

Vous savez quoi ? J’ai découvert qu’on pouvait emprunter des Kamishibais  à la bibliothèque !!! A nous la jolie expérience de lecture à voix haute à coût réduit. Il ne nous manquait donc plus qu’un butaï. Malheureusement, ils sont assez chers à l’achat (J’ai trouvé des modèles entre 60 et 120€).
Alors l’idée a germé d’en fabriquer un moi-même, en carton. Vive l’up- cycling ! Voici donc mon petit tutoriel sans prétention.

Le tuto : fabriquer un butai en recyclant du carton

Le butai, c’est donc ce petit théatre en bois dans lequel on insère les feuilles du kamishibai. Le butai comprend 2 ou 3 volets à l’avant qui, une fois ouverts,  permettent d’assurer l’équilibre de  la construction lors de la lecture. Pas de panique si vous n’avez pas  de portes : pour notre première lecture, ma fille était  très impatiente et ne voulait pas attendre la fabrication des portes. Je n’ai pas voulu « forcé » son supplice :D. Alors, j’ai placé 2 lourdes bougies à l’intérieur du butaï. C’était très stable.

Les planches illustrées du kamishibai sont introduites dans la glissière du butai. Elles ont généralement la même taille : 37 x 27.5 cm.

L’arrière du butai, quant à lui, est évidé pour que le conteur puisse lire le texte.

Toutes ces informations sont essentielles pour bien fabriquer un butai.

Bien sûr si vous avez le matériel, vous pouvez le fabriquer en bois. Il sera plus solide et probablement plus beau. Mais ce n’est pas l’idée de ce tutoriel. En effet, on cherche à en fabriquer un facilement (pourquoi pas en faisant participer les enfants?), et à moindre coût; donc avec ce qu’on a et en recyclant.

Matériel

• une boîte en carton, type colis de livraison et quelques restes de cartons supplémentaires éventuellement. Attention aux dimensions de la boîte : il vous faut au moins 40 x 32 x 10 cm. (pas beaucoup plus long que 40 cm pour le plus long côté, sinon vous aurez du mal à aligner les feuillets des kamishibai qui ont des repères de lecture) et aussi à attraper les feuilles pour les faire glisser. A titre indicatif, la base de notre boîte a comme dimensions 46.5 x 31 cm.
• un crayon, une règle pour marquer les zones à découper.
• un cutter (attention, cette partie dangereuse vous sera réservée), éventuellement une paire de ciseaux
• de la colle, du ruban adhésif pour fixer le tout, comme vous préférez (et comme ça tient surtout 😉 )
• de quoi décorer si vous le souhaitez (peintures, feuilles colorées, stickers…)
• éventuellement du masking tape

Réalisation du butai

1. Commencez par ne garder qu’un « couvercle » de la boîte d’une épaisseur de 8-10 cm maximum.
2. Mesurez et découpez au cutter un rectangle au centre du fond de ce « couvercle » qui sera en fait la partie évidée par laquelle vous pourrez lire l’histoire. Ce rectangle doit être un peu plus petit que les feuilles de kamishibai pour qu’elles puissent s’appuyer dessus sans passer au travers. Dans le cas de notre boîte, le rectangle mesure 35 x 25 cm .
3. Découpez ensuite des baguettes en carton qui vont se glisser en haut et en bas de votre butaï (en position couché) : elles vont constituer la glissière du butai. J’ai choisi des languettes qui font toute la longueur de la boîte (donc 46.5 cm) et 3 cm de largueur. Pliez-les en 2 dans le sens de la longueur (éventuellement assouplissez la pliure en la marquant avec un cutter) pour obtenir des baguettes de 1.5 cm de large. Par rapport à la dimension des feuilles de kamishibai classique (27.5 cm), j’ai donc (31 – 27.5 – 2 x 1.5) cm = 0.5 cm de marge pour glisser les feuilles sans forcer, mais sans que ce soit trop lâche non plus. C’est suffisant parce que les feuilles sont relativement rigides. Les baguettes pliées vont permettre d’avoir comme un soufflet pour glisser les feuilles du kamishibai et d’avoir une certaine souplesse pour glisser la main et retirer les feuilles pendant la lecture.
4. Découpez enfin dans une planche de carton restante le même format que le fond avec le trou central : ce sera l’avant du butaï
5. Si vous le souhaitez, décorez les différentes parties du butai. Le nôtre est peint en rouge en souvenir de celui du livre « Shiro et les kamishibais ».
6. Collez maintenant les baguettes sur les bords extérieurs longs du carton à l’extérieur. Attention, les pliures doivent être vers l’intérieur du carton et non vers l’extérieur. Sinon, les feuilles du kamishibai tomberaient dans la pliure, il serait plus difficle de les extraire et une partie supplémentaire du dessin disparaitrait pour les spectateurs. Si vous craignez que la colle ne suffise pas par rapport au poids des feuilles et aus manipulations, n’hésitez pas à coller la partie inférieure des languettes sur la boîte à l’aide de ruban adhésif. Mais ne bloquez pas l’effet « soufflet ».

   

   

7. Collez ensuite l’avant du butaï sur la partie supérieure des languette en laissent la fonction soufflet libre. Là aussi pour consolider votre ouvrage, vous pouvez rajouter du ruban adhésif en prenant garde de ne pas bloquer le « soufflet ».

Si vous vous coupez facilement avec du papier ou du carton, appliquez du masking tape sur chaque trait de découpe des parties évidées.

Et voilà la version la plus courte du butaï que vous pouvez réaliser. Comme celui que je vous montre sur la photo. Pour le stabiliser du poids de feuilles de kamishibai pendant la lecture, j’ai glissé 2 poids, côté lecteur dans les coins et c’ètait très stable. La preuve en images 😉

Pour prolonger l’effet un peu « magique » et théatre du butaï, vous pouvez ajouter des portes à l’avant qui aideront aussi à la stabilité. Pour cela, découpez dans une planche de carton restant le même format que l’avant du butai (46.5 cm x 31 cm), mais sans découper de rectangle au centre. Coupez ce rectangle en 2 au centre de façon à former les portes (dimensions : 23.25 cm x 31 cm). Mesurez les bords latéraux de votre butaï (6 cm dans mon cas; ce qui veut dire que les portes auront définitivement comme dimensions 17.25 cm x 31 cm) et reportez-les sur les 2 bouts de carton. Plier les 2 bouts cartons au niveau de ces repères (éventuellement faites une lègère marque avec le cutter pour obtenir un pliage plus facile). Après les avoir décorées selon votre goût, collez les petits côtés (de 6cm de large dans mon cas) sur les bords latéraux du butaï en veillant bien à ce que les portes fermées entrent en contact sans se gêner et à ce qu’elles soient alignées sur la limite basse du butaï. De cette façon, une fois ouvertes, les portes, en contact avec le support sur lequel le butaï est posé, assureront la stabilité.

Nos portes sont en cours de construction pour ressembler au butai de Shiro. Je vous montrerai ça très vite, c’est promis.

J’espère que ce tuto vous a plus et qu’il va vous permettre plein d’heures de lecture et d’émerveillement chez vos enfants. Et qui sait ? Peut-être que le plus grand pourrait faire la lecture aux plus petits et vous dégager un peu de temps pour vous.

N’hésitez pas à partager votre expérience en commentaire 🙂

 

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