Femmes, Fières et Féministes

Pourquoi je suis féministe

thereseandthekids 8 mars feminisme
Le post d’Isaline qui m’a fait réfléchir à propos de la journée des droits de la femme.

Je crois que j’ai toujours été féministe, sans m’en rendre compte. J’ai longtemps associé (mea culpa) féministe avec engagé activement dans le combat pour l’égalité des droits hommes-femmes. Mais un post sur Instagram d’Isaline (alias @thereseandthekids) il y a presqu’un an maintenant et la discussion qui a suivi m’ont fait réfléchir. Etre féministe, ce n’est pas forcément militer activement pour défendre la cause, mais y croire déjà, en être convaincu. Voici une définition qui me plait beaucoup :

La conviction que les femmes devraient avoir les mêmes droits, le même pouvoir et les mêmes possibilités que les hommes et être traitées de la même manière, ou l’ensemble des activités visant à atteindre cet état.

Alors, oui, féministe je l’ai toujours été. On l’est forcément en choisissant un métier où les femmes ne sont représentées qu’à seulement 30% au maximum, un « métier d’hommes » comme on dit. On est forcément amené à prouver qu’on peut faire aussi bien que les hommes. Des fois, on entend des mauvaises plaisanteries comme « ah mais tu ne peux pas comprendre, tu es une fille ! Ah ah ah ! ». Ca m’est arrivé, pendant mes années de classes préparatoires et même mon doctorat. Des fois, je m’énervais. Et d’autres fois je laissais dire, parce que j’avais autre chose à faire. De toute façon, il n’y avait que moi que ça concernait dans la salle. Et puis, les autres trouvaient la « plaisanterie » assez drôle. Alors je levais les yeux au ciel et je quittais la pièce.

Mais plus maintenant.

Parce que depuis, je suis devenue maman d’une fille. Désormais, ma fille va à l’école, au cours de natation, au cours de capoeira, à une répétition de chorale d’enfants ou à un goûter d’anniversaire. Ses idées se confrontent à celles d’autres enfants, reçues en héritage de leurs propres parents. Elle revient à la maison et déclare « si les garçons ont décidé que les filles ne pouvaient pas jouer à un jeu, c’est fichu, on ne peut rien faire contre. Ils sont plus forts »… Oh non, ma chérie, ça veut dire qu’il va falloir se battre encore plus fort pour faire respecter tes droits, et pour changer les mentalités, y compris celle des adultes présents qui n’ont rien dit.

Et pourquoi je vous en parle

Je dois donner l’exemple à ma fille. Je rêve que la génération de ma fille soit meilleure dans ce domaine que la mienne. C’est pourquoi je passe désormais beaucoup de temps à discuter avec elle de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas. Je réponds systématiquement aux commentaires « machistes » des autres et je commente lorsqu’elle est avec moi:

  • Quand on me dit que c’est « normal » que mon mari se repose plus que moi le week-end parce que, lui, travaille, je rappelle que moi aussi, je travaille (peu importe que ce soit à m’occuper de la maison, à développer ma petite entreprise ou à donner un cours à l’université : je ne passe pas mes journées à ne rien faire!).
  • Quand on me dit que c’est dans les gènes des femmes de tenir une maison, s’occuper des enfants et travailler sans avoir besoin de se reposer, je réponds que ce n’est pas dans les gènes, mais dans les mentalités.

Et il faut que ça change! J’ai conscience que je peux avoir l’air aggressive pour certains, mais c’est vital pour moi que ce genre de pensées n’atteignent pas ma fille. Je dois les corriger de suite parce que je ne veux pas que ses rêves potentiels s’abiment » à coup d’idées reçues.

Plutôt que de passer mon temps à râler sur ce qui ne marche pas, j’essaye de lui montrer des exemples de femmes inspirantes, dans des livres ( on y reviendra très vite dans un autre article), mais aussi ici sur ce blog pour qu’elle acquiert la conviction que c’est possible, difficile encore, mais possible. Et que oui, elle a des droits, comme les garçons.

Aujourd’hui je démarre donc une série d’articles sur le féminisme, l’égalité des droits hommes-femmes et comment sensibiliser les enfants sur ce thème. Il n’y a pas que les filles dont il faut renforcer l’éducation, il faut communiquer aussi sur les idées reçues chez les garçons. C’est avec grand plaisir que je partage ces articles avec d’autres femmes, mères, influenceuses, créatrices, cheffes de rédaction ou libraires, fières et féministes. Elles partageront leur vécu et leur expérience. J’espère que ces articles vous inspireront et vous donneront des idées ou des clefs pour aborder le sujet avec vos enfants.

Dans l’article d’aujourd’hui, vous (re)découvrirez 2 femmes, mères, qui agissent, chacune à sa façon (parce qu’il y a plein de manières de le faire) pour la cause des femmes.

Isaline, créatrice de contenu web et féministe

titoudou – Bonjour Isaline, je suis ravie de te retrouver une nouvelle fois sur ce blog (tu nous avais déjà parlé de ton expérience dans un article sur la difficulté d’être maman de nos jours). Je te suis quotidiennement dans tes stories sur Instagram depuis un moment déjà. Comme je l’ai précisé plus haut tu fais partie des personnes qui m’ont amenée à me questionner et me positionner par rapport au problème de l’inégalité des genres. Alors, je te remercie pour ça et pour avoir accepté de partager ton expérience encore une fois sur ce blog.
Pourrais-tu en parler un peu plus pour celles (et ceux, espérons-le!) qui lisent cet article: As-tu toujours été féministe ou est-ce que c’est quelque chose qui s’est développé au fur et à mesure de ta vie?

Isaline – Coucou Carine, merci à toi de penser à moi. Je me souviens petite rétorquer à mon père lorsqu’il me disait que je devais savoir entretenir une maison et repasser,  que  je trouverais un homme qui m’aimerait et ferait tout cela. Ce qui, bien sûr, le faisait beaucoup rire (mon père). Les années ont passé et j’ai laissé un peu s’endormir ce côté de ma personnalité qui lorsque j’y repense, était là depuis toute petite. Alors pour te répondre, je pense que je l’ai toujours été mais que la maternité m’a réveillée. 

As-tu des expériences ou des moments forts à partager ici pour que d’autres prennent peut-être conscience des idées reçues que l’on entend depuis l’enfance, comme celui dont je parlais plus haut dans l’article (n.d.r.l. c’est dans les gênes des femmes de tout gérer) ?
Oui, souvent les gens pensent que nous avons le gêne des courses, du ménage, de l’organisation ?!? Bref. C’est tout cette façon de penser qui est fausse. C’est normal quand un homme s’occupe juste des enfants mais ne fait ni à manger, ni la lessive ni le ménage et laisse une maison sans dessus dessous. « Le pauvre, il s’est déjà occupe de ses enfants ». Alors qu’une femme, c’est une bonne à rien si elle ne fait pas un minimum de ménage. Je me souviens de ce genre de réflexions -A force des années, celles-ci ont disparu car mon homme se bat aussi pour que cela s’arrête.  Souvent il s’est fait féliciter au parc ou aux courses car il s’occupe de  » tous  » ses enfants. Alors que je vais à la même place de jeux, mais que la personne ne va jamais me féliciter. Ca parait anodin mais cessons de féliciter les hommes quand ils remplissent leurs rôles de père. Ou alors mieux, félicitons aussi les femmes lorsqu’elles remplissent leurs rôles de mère.

 

Es-tu plus engagée depuis que tu es maman, et comment ?
thereseandthekids greve de la femme
Crédit photo : @thereseandthekids

Plus engagée je ne sais pas. En tout cas j’essaie au sein de mon foyer de me battre contre les préjugés et les stéréotypes. On lit beaucoup. On essaie depuis toujours de montrer aux enfants qu’il n’y a ni sport ni jouet de filles ou de garçons.

Et après, je crois en la force de l’exemple. Alors même, si dans les faits je suis mère au foyer, ce qui de l’extérieur pourrait faire croire que nous sommes dans un ancien schéma, je mets un point d’honneur à inclure mon homme dans la vie quotidienne du foyer. Je ne veux pas tout gérer. J’essaie aussi de trouver une nouvelle dynamique de couple autre que celle que la société essaie de nous montrer. Et ça passe souvent par des négociations, parfois animée,  et du lâcher prise. Repartir la charge mentale, c’est un vrai challenge  surtout quand on a grandi dans des modèles dit anciens.
Mère de 4 enfants, que veux-tu leur transmettre sur le sujet? Est-ce que tu en parles de la même façon à ta fille et à tes garçons?
Je leur parle de la même manière. J’aimerais qu’ils grandissent en pensant que leur sexe ne définira pas leur choix de vie, professionnelle et personnelle. Je voudrais qu’ils se sentent libres.  Même si, il faut l’avouer, c’est difficile au jour le jour. Dans les repas de famille, ou même parfois avec des amis je ne relève pas toujours ce qui me dérange par politesse  et par souci de bien-être, aussi. Alors on débriefe à la maison.

Je sais que tu as participé à la grève des femmes en Suisse en juin dernier. Peux-tu nous en rappeler les idées essentielles et partager ton expérience? Des moments forts, des prises de conscience?
thereseandthekids greve des femmes
Crédit photo: @thereseandthekids

J’ai participé à la grêve par solidarité avant tout et aussi pour qu’on reconnaissent le travail des mères au foyer et donc pour les inégalités salariales qui s’accentuent encore à la retraite. En Suisse lorsque l’on devient mère les systèmes d’accueil des bébés et ensuite des enfants sont si chères et si rares, qu’ils ne sont pas pensés pour que les femmes continuent de travailler. Nous n’avons souvent pas d’autre  » choix  »  que d’arrêter de travailler ou de travailler à temps partiel. Ce qui impacte notre revenu à la retraite. C’est inadmissible. Pendant cette journée, j’ai aussi  pris conscience du taux horrible de féminicide ici en Suisse.

Je crois que ta fille qui était avec toi ce jour-là. Qu’est-ce qui lui a donné envie de participer ? Est-ce que cet évènement lui a fait mieux prendre conscience de certaines choses ?
thereseandthekids complicite mere fille
Crédit photo : @thereseandthekids

Elle a pris conscience que je n’étais pas seule à parler de cela et que c’était essentiel de s’unir pour se faire entendre. Et que cela concernait aussi les hommes. En effet, mon homme et mes garçons nous ont rejointes pour le cortège. Je ne conçois pas cette bataille sans eux. Nous sommes tous féministes. Pas uniquement moi.

Et c’est comme ça que les choses avanceront. Merci beaucoup, Isaline, pour cet échange.

Rose Pierret, crocheteuse et féministe

titoudou – Bonjour Rose, je suis ravie de pouvoir t’interviewer pour le blog de titoudou. Alors, parle-nous un peu de ton vécu si tu veux bien : t’es-tu toujours sentie l’âme d’une féministe ? Et pourquoi?
rose pierret mailles heroines
@maillesheroines

Rose – Oui, toujours ! Peut être parce que j’ai toujours été sensible à l’injustice. Très jeune, j’ai senti que les femmes en étaient victimes.

Devenir maman a-t-il changé ta vision des choses? Es-tu plus ou moins engagée qu’avant?

Non, je suis engagée de la même façon.

Quel message veux-tu transmettre à tes enfants?

La base : l’égalité hommes-femmes.

Parle-nous de ton très beau projet Mailles Héroïnes! Comment est venue l’idée?
logo mailles heroines
Le logo de mailles héroïnes

Je souhaitais donner du sens à mon activité de crocheteuses et étant très sensible à la cause des femmes dans le besoin, l’idée était là ! 😉 Proposer aux Crocheteuses de confectionner une poupée à l’effigie d’une femme, d’une Héroïne de l’ombre ou connue, puis les vendre au profit d’une association, Avec Elles, qui vient en aide exclusivement aux femmes : voilà l’idée !

Quels ont été les moments forts pour toi? Et quel est ton bilan?
poupees au crochet mailles heroines
Marie Curie, Joséphine Baker, Simone Veil et Mère Thérésa en poupées crochetées par la féministe Rose.

Le moment le plus fort a été incontestablement le salon Création et Savoir-faire à Paris et la vente de toutes ces poupées. En effet, ce salon a été une opportunité pour les crocheteuses des poupées de les voir toutes réunies et « en vrai », de se rencontrer. Et pour les Poupées à l’effigie de ces grandes dames c’était l’occasion d’être adoptées par leurs nouvelles familles !

Bravo! Je rappelle qu’au final c’est plus de 250 poupées qui ont été crochetées et près de 4500€ ont été récoltés lors de ce salon pour l’association Avec Elles qui vient en aide aux femmes, leur apporte chaleur, réconfort et humanité.
Le combat continue? Quel est l’avenir de ces poupées et as-tu d’autres projets en tête?

Oui, le combat ne cesse pas. Les Poupées qui n’ont pas été vendues seront présentées à la vente à d’autres occasions.
Un nouveau projet est en train de voir le jour… Mais ça, c’est encore un secret… 😉

Oh j’ai hâte d’en savoir plus! Merci beaucoup d’avoir partagé ce moment avec nous!

J’espère que ces témoignages ont renforcé vos convictions ou ont été révélateurs pour vous. Je vous donne rendez-vous très vite pour une sélection de livres pour sensibiliser les enfants à la cause féministe.

 

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Comments (2)

Domi

Fév 02, 2020 at 4:54 PM Reply

Merci pour cet article ! Je suis mou même très attachée à la cause de l’égalité femme/homme. Je ne me définis pas généralement comme féministe, car je ne milite pas (ert celles qui militent m’agacent parfois car elle n’ont pas toujours les bons combats, à mon sens). Mais tu as raison on est féministe même sans militer, à partir du moment où on a un comportement qui va dans le sens de faire bouger les choses.
Mon père m’a élevée comme un garçon , et ma mère a tenté de m’élever comme une fille, mais le laissait faire et acceptait mon côté « garçon manqué ». Je les en remercie ! Ils ont fait de moi ce que je suis : un être humain avant tout.

Bien sûr j’ai transmis ces valeurs à mes enfants, d’autant plus facilement que mon mari est très raccord avec ça. Et j’essaie de les transmettre à mes élèves, mais là c’est moins facile.

titoudou

Fév 12, 2020 at 5:51 AM Reply

Je pensais comme toi avant, que je n’étais pas forcément féministe parce que pas très militante. Mais maintenant, je suis convaincue que c’est avant tout une façon de penser… Et je suis probablement devenue un peu militante à ma façon avec cette série d’articles 😂.
C’est drôle quand même toutes ces expressions qui continuent de véhiculer les inégalités homme/femme : élever comme une garçon ou comme une fille… Je me fais moi-même violence des fois contres les idées reçues, pour élever ma fille comme un être humain comme tu dis. Elle a des poupérs et des trains, des vêtements roses et des vêtements bleus.

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